Hadia OTERO
Thérapeute
Analyse Psycho-Organique

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Témoignage sur la maltraitance

Récit d'un travail en thérapie individuelle et en groupe d'une de mes patientes.
Avec son accord, voici des extraits des mots et du témoignage illustrant un moment fort du parcours thérapeutique :


Tout changement pouvait être suspect, comme cette fois où ma mère m'a tenue entre ses jambes parce que je lui ai répondu. Elle m’a dit textuellement « ça te démange (elle parlait de mon sexe) je vais te calme tout de suite». Elle m’a traînée dans la cuisine. Elle a pris du piment écrasé me l’a mise dans le sexe.
Je me souviens, d’une sensation de brûlure, de m’être lavée, après je ne me souviens pas. 

Je n’ai pas pris réellement conscience de cette scène de torture subie, qu’à 25 ans au moment d’un travail de thérapie en groupe. Comment j’en suis venue à raconter mon histoire, je ne me souviens plus, comment je l’ai racontée avec distance, sans émotion, sans douleur, comme un fait sans importance.
Mais ce sont les regards, et le silence qui m’ont fait prendre conscience qu’il y avait un problème. Mais je n'en avais toujours pas conscience. J’ai juste rajouté, « j’ai dit une connerie, c’est ça ?» Et je l’ai raconté une 2e fois et là j’ai pris conscience de chaque mot que je disais et que c’est moi qui n’avais pas conscience encore dans mon corps de la souffrance et de la douleur. 

Un malaise était en train de grandir en moi : mon coeur s’est mis à battre très vite, je prenais conscience, d’être de plus en plus mal. J’avais du mal à respirer, je me suis pliée en deux, j’avais les mains sur mon sexe, en ressentant cette douleur enfuie que je ne pouvais pas ressentir, au moment où ma mère me l’a infligée sous peine de me désintégrer. 

Je suis bien consciente que le cadre thérapeutique, contenant, sécurisant, m’a permis d’accepter et de lâcher ma douleur qui me rongeait et me détruisait de l’intérieur et je me suis mise à crier. Je suis tombée au sol, j’avais mal au sexe, je sentais cette brûlure, je me sentais à vif. Et je répétais sans cesse, il me faut de l’eau, je dois me laver, j’étais au bord de l’évanouissement, mais le mot juste est : « perte de conscience ». 

Ma thérapeute m’a pris dans ses bras, puis avec des paroles apaisantes, réconfortantes, elle a été pour moi à ce moment-là, la bonne mère. Les autres personnes du groupe, m’ont fait un cocon de leurs bras. Et j’ai pu revenir tout doucement dans la pièce. 

Je peux dire que je me suis dissocié, pour ne pas sentir cette douleur. C’était pour la survie de mon psychisme et de mon corps. J’ai pu récupérer cette partie de moi qui avait fui, grâce à ce travail douloureux. J’ai accepté ma souffrance en la reconnaissant mienne et je n’ai plus rejeté cette partie mutilée de mon corps. 

Après ce travail, j’ai eu des mycoses très graves pendant plusieurs mois. Il a fallu faire un travail essentiellement sur le corps. Laisser exprimer ma colère. Je m’en voulais de m’être laissée faire, il a fallu accepter que je sois restée inactive, accepter que ma mère ait été sadique. 

J’ai donc déchargé ma colère : en frappant sur des coussins, ou en donnant des coups de poing sur les murs tapissés de matelas, accepté de m’être sentie impuissante. Et surtout une colère de souffrance que je voulais extérioriser de moi. je ne voulais plus qu’elle soit à l’intérieur de moi à me détruire. 

J’ai pu aussi par des rêves éveillés dirigés, des visualisations de cette partie mutilée transformer ces images, en donnant une autre issue, un autre chemin, et une autre image. Et faire que cette partie en souffrance puisse s’apaiser, et au fur et mesure du travail les mycoses (mon symptôme), se sont d’abord espacées puis ont disparu.

R.H.